THIRD CITY
2010/Beirut/Lebanon //Available in ifpo library// Team: Adrien Piebourg
Peu de métropoles présentent une si grande fragmentation de leur territoire sur la base de conflits culturels et communautaires. La métropole Beyrouthine peut se lire comme une superposition de calques produisant des dynamiques exogènes, rendant sa compréhension difficile tant par ses habitants que par des observateurs étrangers. Il a ainsi été réalisé, dans le cadre de l’analyse préparant à ce projet, une étude consistant dans l’exploration d’un échantillon représentatif des problématiques de la métropole Beyrouthine. Les résultats de cette analyse ont été ensuite confrontés aux défis futurs de la métropole décrits dans le rapport final paru en 2009 de l’Aménagement du Territoire Libanais. Face aux difficultés des instances publiques de gérer un aménagement coordonné de la métropole, et étant donné une situation politique instable, un chaos administratif, et des territoires urbains en dehors de tout contrôle, il est proposé ici de concevoir une alternative urbaine, qui s’opposerait aux dynamiques inscrites dans le territoire. Pour ce faire, le projet se base sur un rapport d’aménagements paru 2004, et qui défini jusqu’en 2030 l’évolution démographique et la croissance urbaine de la métropole. Les chiffres sont les suivants : Environ 330 000 habitants supplémentaires, et un parc de logement qui absorberait plus de 126 000 logements supplémentaires, On assisterait ainsi à une expansion urbaine de l’ordre de 55 km2, représentant le double de la municipalité de Beyrouth intra-muros. Cette croissance urbaine pose un grand défi, tant son impact pourra, selon la manière dont elle sera géré, être fort sur la qualité de vie, le rapport entre les communautés, le devenir des espaces agricoles et paysager si important pour les libanais. L’augmentation de l’offre de transport est perçue par les pouvoirs publics comme une réponse à la division confessionnelle de l’agglomération, considérée comme l’un des handicaps les plus sérieux à une réconciliation véritable. On estimait en 1990 à 10% des déplacements ceux qui franchissaient la ligne de démarcation, soulignant la profondeur du clivage. Cette ligne pourrait constituer une nouvelle colonne vertébrale de mobilité le long de laquelle viendrait s’implanter les programmes nécessaires à la prospective de la ville pour 2030 que nous avons vu précédemment. Artère importante dans la géographie de la ville, ce projet ouvre Beyrouth à sa dimension métropolitaine, a ses territoires contigües, sa banlieue, ses paysages. Ainsi, ce projet ne détruit rien et ouvre Beyrouth dans sa globalité. |
Extrait de la booklet constituée dans le cadre du projet
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''Tout le travail qui est à faire passe par un maillage, mais celui-ci, en même temps qu'il doit se concevoir à partir de noeuds locaux greffés sur ce que les urbanistes, avec une nuance de mépris, appellent l'existant, doit aussi intégrer la pensée que chaque point est en relation avec tous les autres et que ce n'est pas en vain qu'on parle du corps de la ville. Un corps est réseau d'échos interne, parfois très distants les uns des autres, une prodigieuse ramification de l'exitabilité. '' La ville en proie à la communication, J.C Bailly, 1994 " On pardonne beaucoup à un train; contrairement à une voiture, il passe par l'arrière du monde. Les maisons classés du quartier de la gare s'avèrent être des taudis. Mais ces ruines ne se voient que depuis la voie ferrée. Aucun véhicule ne vous donne une vue plus sincère du pays que le train. Contemplez nos jardinets, nos pigeonniers, nos cabanes. Admirez nos sous-vêtements qui sèchent dehors. Contemplez nos nains de jardin, nos cèleris nos poireaux, nos vérandas et nos barbecues maçonnés." La merditude des choses, film de Felix Van Groeningen, 2009 |
Avec le nouveau tracé de transports, pourrait être aménagés quatre noeuds programmatiques venant ponctuer la ligne du métro aérien. Placés à la suite d’une analyse urbaine précise ,ces points sont stratégiques tant symboliquement, qu’urbainement. Chaque noeud représente un espace programmatique spécifique lié à son environnement urbain. Ici, la station du métro aérien s’inscrit dans un espace délimité par une structure en moucharabieh, et contenant des programmes commerciaux et culturels. Ici, l’architecture semble absente, seul l’espace de rencontre compte. C’est un espace propice à la déambulation qui est offert ici, et la déconstruction y est le principal spectacle. Les programmes semblent éclaté dans un espace contraint par une structure ne laissant pas le regard s’introduire. C’est donc un espace de rencontre protégé de tout jugement extérieur...Un espace neutre. |
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'' Tous comme peut-être compris qu'il n'y avait pas de Beyrouth. Car cette femme assise sur un rocher est à l'image du tournesol mû par une force qui lui est étrangère. Elle entraîne ses amants et ses ennemis sans distinction, dans une ronde aveugle, où elle se donne et de refuse, ni ne se donne, ni ne se refuse. C'est la forme qui n'a pas pris forme parce que le sort de la guerre à Beyrouth; de la guerre autours de Beyrouth, reste indécis, et parce que la certitude y est passagère, parce que la durée y est provisoire. Ou bien encore : Prends une vague. Fais-là s'asseoir sur les rochers du bord de mer, à Raouché. Dissèque-là. Tu ne trouveras rien d'autre que tes deux mains plongées dans une magie sans fin ni début'' Une mémoire pour l'oubli, Mahmoud Darwich, 2005 |